Tout le monde veut être heureux. Mais qu’est-ce qui fait le bonheur ? Sa construction obéit-elle à des règles ?
Un gouvernement peut-il rendre ses citoyens heureux ? En a-t-il le devoir, le pouvoir, aucun des deux ?
Voici quelques-unes des interrogations qu’ Alice Babin nous permet d’explorer à travers les pages de Happycratie.

Le résumé
2040. L’Europe, suite à des années de crises sanitaires, économiques et politiques, est devenue un vaste État fédéral plus écologique, plus sécurisant, plus sain. Une société idéale, selon la plupart des Euro-citoyens. Pourtant, « les briseurs de rêves » luttent clandestinement contre ce qu’ils considèrent comme des injonctions au Bonheur et dénoncent le « puçage » : l’implantation sous-cutanée d’un dispositif mesurant le taux individuel de Bonheur (TIB) de chaque citoyen. Ils pratiquent un jeu cruel consistant à gâcher le Bonheur des Hyper-heureux, les citoyens dont le T.I.B. est supérieur ou égal à 90% …
La course au bonheur a créé des perversions et des clivages sociaux que la plupart nient, mais la situation se radicalise rapidement. Du petit Sunny Talleyrand, le marginal fils du ministre, à Nisou et Jeannot, nonagénaires au caractère bien trempé, en passant par de jeunes implantés qui feraient tout pour s’arracher leur puce, chacun va devoir trouver sa place dans cette société manichéenne. Quel camp l’emportera et jusqu’où devront-ils aller pour vivre selon leur désir?
Ce que j’en dis …
Le résumé de la quatrième de couverture, l’illustration d’icelle, m’avaient terriblement alléché. Voilà de quoi écrire une histoire vraiment intéressante … ou très ennuyeuse ! Il fallait que je sache.
Alice Babin nous offre là un livre intelligent et bien construit qui remporte mon suffrage sans hésitation.
Les personnages sont délicieusement partagés entre leur idées, leurs idéaux, leurs sentiments, autant qu’il nous arrive à tous de l’être. « Le bonheur des autres ne fait pas le nôtre« , le slogan des briseurs de rêves, peut d’abord sembler être une revendication égoïste. C’est une simple réalité : le bonheur du grand nombre ne fait pas le bonheur de tous.
Au cours de la lecture de cet excellent bouquin j’ai plusieurs fois pensé à cette déclaration de Coluche, qu’Alice Babin, née en 1980, aurait probablement aimé, à propos des chiffres du PIB français : « Ils vont être contents les pauvres, de savoir qu’ils vivent dans un pays riche ! ».
Si la notion de bonheur est universelle, sa définition demeure un enjeu philosophique. Sa quête est-elle forcément individuelle ou existe-t-il un bonheur sociétal ? Un gouvernement peut-il rendre ses administrés heureux ?
Happycratie n’est pas un livre de philosophie, c’est un roman de science-fiction, éminemment politique, comme tous les romans de science-fiction. Mais Alice Babin œuvre avec une telle finesse qu’elle ne répond pas aux questions que le roman pose. Elle interroge, elle montre, elle laisse le lecteur, la lectrice, libre de penser.
Ce roman est accessible aux adolescents comme à leurs parents, intéressant autant pour les uns que pour les autres.
L’histoire se déroule en 2040. C’est dans 18 ans. Le temps nécessaire à un nouveau-né pour atteindre la majorité.
D’ici là, quel sera l’état du monde ? Qu’est-ce qui nous rendra heureux ou malheureux ?
Alice Babin nous fait réfléchir aux enjeux des relations humaines à différents niveaux : le couple, la famille, l’administration, l’État, l’Europe. Comment notre action individuelle contribue-t-elle au bien-être ou au mal-être des autres, qu’ils nous soient plus ou moins directement liés ?
Un livre intelligent et bien pensé, fidèle à la ligne éditoriale des éditions L’Alchimiste : « L’imaginaire comme questionnement du réel« .
Happycratie d’Alice Babin est édité chez L’Alchimiste.
Le livre broché de 320 pages est vendu 21,10€.
Le format numérique coûte 9,99€.
Cher Christophe,
Ce roman écrit il y a huit ans et porté à la scène en deux parties : – Ames vives – Mnemosis
Bien à toi,
Joan
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De Joan Ott ?
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