Les férus d’art martiaux connaissent peut-être Jean-Pierre Vignau. Je ne suis pas du nombre mais je l’ai découvert à travers les pages de de livre qui se veut un hommage d’un Jean-Pierre à un autre.

Le résumé
Ce livre repose sur le récit d’aventures vécues, celles de Jean-Pierre Vignau, dont l’existence est un véritable défi.
Abandonné par sa mère, il a passé sa jeunesse dans une ferme du Morvan et n’a su lire qu’à l’âge de… 28 ans. Ses rencontres avec les arts martiaux, la culture japonaise et des personnes inspirantes lui ont permis de survivre à des situations invraisemblables en tant qu’aventurier, videur, cascadeur, et taulard.
Il a retiré de ses aventures une véritable sagesse que l’auteur veut faire partager. Cette philosophie de vie est donc pragmatique et éprouvée dans les pires conditions. Elle repose sur des « recettes » applicables efficacement dans la vie quotidienne par chacun.
Ce que j’en dis…
J’ai bénéficié de la confiance de Babelio et des Éditions de l’Éveil lors de la dernière édition de la Masse Critique de juin consacrée aux ouvrages non-fictionnels et je les en remercie.
Pour autant ce livre ne m’a pas particulièrement touché.
Il n’est pourtant pas dépourvu de qualités : il est agréable à lire, le style est très abordable et le récit de la vie de Jean-Pierre Vignau n’est pas dénué d’intérêt. J’ai par ailleurs vraiment beaucoup apprécié la mise en page : les encadrés, les photos et autres inserts apportent un réel dynamisme à cet ouvrage.
Mais je n’ai pas trouvé la sagesse que l’auteur veut faire partager. Non plus aucune philosophie de vie comme le prétendait le résumé.
J’y ai vu l’admiration d’un homme pour un autre. Un hommage rendu à une personne courageuse, un self made man comme on dit outre Atlantique. Un livre copinage en somme.
Effectivement, la vie de Jean-Pierre Vignau n’est pas un long fleuve tranquille mais son parcours ne m’inspire rien, ne me procure pas d’encouragement particulier.
J’ai été choqué par la banalisation, voire l’exaltation de la violence, malgré l’avertissement qui figure au début de l’ouvrage.
Le type prend conscience qu’il a un problème avec la violence le jour où il éjacule dans son pantalon en fracassant le visage d’un autre à coups de nunchaku. Pour sortir de cette spirale infernale il devient prof de karaté. Cela m’a fait penser à Fred, un collègue de travail qui se présente comme un amoureux de la nature et passe ses week-end à tuer des animaux sauvages afin d’aider à la régulation de notre belle planète. Merci Fred ! Merci Jean-Pierre Vignau !
Peut-être que certains lecteurs vont me trouver fragile, mais je ne me suis pas senti impliqué dans la démonstration de virilité bourrée de testostérone que l’auteur glorifie au fil des pages. Je n’ai pas non plus tellement apprécié l’idée que construire sa légende revienne à devenir une personne connue par d’autres personnes connues. Les personnalités défilent : les frères Bogdanov, Nicolas Hulot, Patrice Laffont, et surtout Alexandro Jodorowsi sont tous copains avec Jean-Pierre. Belle réussite !
Au final, je n’ai rien appris de ce livre et la sagesse de Jean-Pierre Vignau m’a vaguement évoqué celle d’un autre spécialiste des arts martiaux, un certain Jean-Claude Van Damme.
Pour illustrer voici une citation qui figure d’ailleurs sur la quatrième de couverture :
Les prétextes sont de mauvaises raisons mais les raisons que l’on donne ne sont pas toujours les bonnes. Je ne donne de leçons à personne mais il n’y a pas de hasard.
– Jean-Pierre Vignau
Ceci dit, ce petit livre réjouira sans doute tout ceux qui connaissent Jean-Pierre Vignau, les amoureux d’arts martiaux et d’autres lecteurs encore.
Construire sa légende, de Jean-Pierre Leloup est publié par Les Éditions de l’Éveil.
Le livre broché et illustré (noir et blanc) de 160 pages est vendu 20€.