En lice pour le prix Médicis 2022, ce Cher connard de Virginie Despentes connait une promotion et déjà un niveau de vente exceptionnel.
Est-il simplement possible de ne pas en avoir entendu parler ?

Le résumé
« J’ai lu ce que tu as publié sur ton compte Insta. Tu es comme un pigeon qui m’aurait chié sur l’épaule en passant. C’est salissant, et très désagréable. Ouin ouin ouin je suis une petite baltringue qui n’intéresse personne et je couine comme un chihuahua parce que je rêve qu’on me remarque. Gloire aux réseaux sociaux : tu l’as eu, ton quart d’heure de gloire. La preuve : je t’écris. »
Après le triomphe de sa trilogie Vernon Subutex, le grand retour de Virginie Despentes avec ces Liaisons dangereuses ultra-contemporaines. Roman de rage et de consolation, de colère et d’acceptation, où l’amitié se révèle plus forte que les faiblesses humaine…
Ce que j’en dis…
J’avoue une faiblesse particulière pour les auteurs clivants.
Virginie Despentes en est probablement une des meilleures représentations en France.
Certains s’extasient devant Cher connard, d’autres le conspuent volontiers, beaucoup sont mitigés.
Nous voilà donc face à un livre bien peu consensuel.
Il faut dire qu’il dénote. Une forme de roman épistolaire comparée aux Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, mais il s’agit probablement plus d’une provocation de Grasset de s’être permis cette comparaison qu’autre chose. Un échange de courriers donc entre deux protagonistes et l’intervention en parallèle d’une troisième au coeur de l’échange et prétexte à celui-ci.
La forme est donc minimaliste, le langage est celui qu’on connait à Virginie Despentes, cru, moderne, familier donc.
Avant d’oublier, je remercie Grasset et NetGalley pour cette lecture.
Je n’ai pas trouvé ce livre très abouti, il ressemble à une suite de monologues enflammés plus qu’à une échange véritable. Mais c’est peut-être la parfaite expression de la volonté de l’autrice : montrer comment des personnes gonflées par leur propre égo en viennent à devenir incapables de communiquer vraiment en dépit de leur caractère public.
Un écrivain accusé de, de quoi déjà ? de masculinité toxique. Une attachée de presse féministe surfant sur la vague #MeToo et une actrice vieillissante. Tous les trois se trimballent un égo gros comme un porte-avion et le moins qu’on puisse dire c’est que ce n’est pas épanouissant.
Du coup, comme après chaque lecture d’un livre de Virginie Despentes, je me réjouis grandement des choix que j’ai fait dans ma vie.
Les livres précédents m’assuraient que j’avais bien fait de cesser d’être un punk toxico avant de devenir un vieux punk toxico.
Celui-ci me rassure quant au fait qu’il vaut certainement mieux être un petit écrivain peu connu et tranquille, en paix avec le monde, plutôt qu’un grand écrivain connu et mal comme ce n’est pas permis.
Oui, à l’heure où les sirènes de la célébrité et de la notoriété à tout prix hurlent leur chant dans les réseaux sociaux, Cher connard montre l’envers du décor sans concession et apparemment sans effort.
Virginie Despentes nous livre sa pensée comme on crache à la gueule de quelqu’un. Ou à ses pieds.
Les afficionados apprécieront. Les autres critiqueront.
Qu’importe pourvu que le livre se vende.
Cher connard, de Virginie Despentes est édité par Grasset.
Le livre broché de 345 pages est vendu 22€.
J’ai beau faire, Despentes me gonfle…
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Je comprends.
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