Les chroniques de Germania tome 1 – Les ombres du passé, de Patrick Pauget

S’il est une thématique sur laquelle nous ne sommes pas habitués à prendre du recul, c’est le nazisme. Ici, la pensée manichéenne s’exerce systématiquement et je ne vais pas remettre cela en cause.

Aussi l’uchronie de Patrick Pauget intitulée Les chroniques de Germania est incontestablement une proposition surprenante, intrigante, culottée : l’histoire se déroule en 2112, dans une Europe nazie suite à la victoire allemande au terme de la seconde guerre mondiale.

Patrick Pauget dépasse-t-il les bornes de la pensée bienséante ?

Le résumé

2112. Au sein de Germania, coeur du Reich Millénaire, les Purs vivent une vie de rêve et de luxe. La race aryenne domine un monde où toute opposition a disparu. Le rêve d’Adolf Hitler est devenu une réalité.

Mais alors que le peuple fête le cent soixantième anniversaire de la Victoire, un nouveau danger rôde. Sous les apparences parfaites de ce monde, entre corruption et perversion, une menace guette.

Est-ce lié à la vie exemplaire des jumeaux Von Keinser, élites de l’élite ? A ces corps retrouvés scarifiés dans un accident de voiture ? Où à une société nazie aux traditions vieillissantes ?

Le Commissaire Markus Leimbach, lui-même porteur d’un lourd secret, devra se confronter au passé pour avoir des réponses. Ou pire, pour obtenir la vérité.

Ce que j’en dis …

J’ai rencontré Patrick Pauget aux Imaginales d’Épinal où je me suis rendu il y a quelques semaines. J’avais dans mon sac à dos une sélection de livres que je voulais me faire signer et je lisais Happycratie d’Alice Babin, publié par les éditions de L’Alchimiste.

J’espérais la rencontrer sur le stand de l’éditeur mais elle n’était pas venue à Épinal. En revanche, j’ai discuté un bon moment avec Patrick Pauget, la discussion a largement dépassé le cadre strictement littéraire et j’ai eu envie de découvrir la trilogie.

Je suppose que tout comme moi, la plupart des gens ont une sorte d’aversion culturelle et morale pour la période nazie. Aussi y a-t-il une certaine nécessité primordiale à surmonter cette aversion pour accepter le cadre historique de cette uchronie. Envisager le second degré à ce sujet n’est pas dans nos habitudes …

Mais le jeu en vaut la chandelle. Passées les premières pages dans lesquelles est dépeinte cette société nazie triomphante, le lecteur est rapidement conquis par l’intrigue policière et la psychologie des personnages.

Au risque de spoiler, je précise qu’il ne s’agit pas d’une œuvre pronazie mais d’un véritable laboratoire de la pensée. Patrick Pauget explore les possibilités d’une société suprémaciste dans laquelle les idéaux racistes d’une élite préservée sont triomphants.

Les protagonistes du roman dévoilent petit à petit ce qui constitue une forme de faiblesse universelle de l’égo, désir de s’élever, nécessité de se sentir aimé, volonté de se surpasser. Toutefois, l’angélisme nazi atteint ses limites dans cette uchronie d’une façon très nuancée, très intelligente, très surprenante.

Le commissaire Markus Leimbach, héros du Reich, est détenteur d’un secret admirable qui donne envie de lire la suite de la trilogie avec une certaine avidité.

Ce livre peut se lire comme un simple polar qui a un cadre particulier et il est déjà tout à fait satisfaisant vu sous cet angle. Mais il peut aussi engager le lecteur dans la voie d’une réflexion plus poussée sur les thèmes de l’angélisme et de la suprématie raciale.

Ne nous fourvoyons pas : ces tristes idéaux ne sont pas seulement de sinistre mémoire mais continuent de faire rêver une certaine partie de la population, la montée des extrémismes politiques partout dans le monde est là pour nous rappeler à l’évidence.

Ainsi, si j’ai éprouvé quelques difficultés à accepter le cadre de cette uchronie, je ressors de ce premier tome avec l’envie de me replonger dans l’univers de Germania en espérant devenir le spectateur de la chute de cet Empire.

Quelques mots sur l’auteur

Passionné d’histoire, en particulier de la Seconde Guerre mondiale, et de jeux de rôles, Patrick Pauget signe ici son premier roman. Après des années de conception ainsi que d’animation de RPG sur table et grandeur nature, il se lance dans la littérature pour voyager plus loin encore dans l’univers des possibles et pousser son exploration des comportements humains.

Les chroniques de Germania 1 – Les ombres du passé, de Patrick Pauget est édité chez L’Alchimiste.

Le livre broché de 300 pages est vendu 21,10€.

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