Des feux dans ces mots, de Gabriel de Richaud

Sous-titré Mémoires des assassinats de l’école Ozar Hatorah, ce livre préparé avec le concours d’Isabelle Seret et préfacé par Delphine Horvilleur constitue un récit saisissant de témoins directs ou indirects de l’attentat du 19 mars 2012 à l’école Ozar Hatorah de Toulouse.

Le résumé

Il m’a rappelé.

Il me dit.

Ça tire, des coups de feu, il se passe quelque chose,

il y a un attentat à l’école Ozar Hatorah.

Je n’arrivais pas à intégrer ce qu’il me disait

Et puis au moment où il était en train de me parler

Je reçois un appel de la préfecture et là

Je comprends qu’il est en train de se passer quelque chose

Et qu’il ne me raconte pas des bêtises

Et c’est comme si

En l’espace d’une seconde

Vous comprenez que votre vie va être totalement bouleversée.

Le 19 mars 2012, l’école Ozar Hatorah de Toulouse est prise pour cible par un tireur. Des feux dans ces mots est un texte poignant, tissant les récits de douze témoins de l’attentat. D’une poésie brute, ces voix racontent avec une bouleversante humanité cet épisode de notre histoire.

Ce que j’en dis …

Je ne connaissais pas Gabriel de Richaud mais lorsque j’ai remarqué que les propos des témoins avaient été recueillis par Isabelle Seret, dont j’avais grandement apprécié Chez moi vit la violence, également publié par La Manufacture de livres, je me suis dit que ce livre méritait d’être lu.

J’en sors profondément touché et j’avoue avoir pris un peu de temps avant de rédiger ces quelques lignes.

On peut écrire toutes les fictions qu’on veut, rien ne sera jamais plus puissant qu’un authentique témoignage. Des feux dans ces mots s’inscrit pleinement dans ce constat.

La préface de Delphine Horvilleur établit un lien entre le texte et le textile très inspirant : elle y évoque le travail de construction de l’un et de l’autre et tire des analogies édifiantes.

D’ailleurs, en parlant de construction, les textes de ce récit ne sont pas des productions poétiques strictement alambiquées mais des témoignages intégraux dans lesquels Gabriel de Richaud a intégré du souffle par le biais d’un système de retour à la ligne précis et savamment pensé.

Au final il en ressort un livre utile dans son propos et abordable dans sa structure.

La postface évoque la Reine Esther et la fête des Pourim.

Certes on peut y voir une certaine corrélation. Toutefois, à l’époque du traître Aman et du providentiel Mardochée, les juifs échappèrent au massacre grâce à l’autodéfense coordonnée dans toutes les provinces concernées grâce au courage d’Esther et à la justice d’Assuérus.

Aujourd’hui l’arme de défense la plus actuelle ne consiste certainement pas en une autodéfense violente mais plutôt, telle qu’elle est orchestrée dans cet ouvrage, en une œuvre d’enseignement, de témoignage et d’éducation des consciences.

Le judaïsme constitue un choix et un héritage. L’antisémitisme nait dans le berceau de l’ignorance et des préjugés.

Des feux dans ces mots transcende la question religieuse ou culturelle pour nous permettre de nous rejoindre dans ce que nous avons tous en commun : la souffrance.

Car nous savons que jusqu’à maintenant toute la création ne cesse de gémir ensemble et de souffrir ensemble.

Paul, lettre aux Romains, chapitre 8, verset 22, La Bible, traduction du monde nouveau.

Des feux dans ces mots, de Gabriel de Richaud, est édité par La Manufacture de livres.
Le livre broché de 142 pages est vendu 12, 90 €.
Paru le 5 janvier 2023.

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